Briser le tabou lié à l'infertilité chez les couples

En Suisse, l'infertilité chez les couples reste un sujet encore méconnu de la grande majorité de la population. Plus encore que ça, c'est un tabou. Si les sources et les statistiques varient en ce qui concerne le nombre de couples touchés en Suisse, un chiffre est tout de même avancé par la majorité d'entre-elles. Un sixième de la population suisse, soit plus de 15%.

Plus nombreux qu'on ne le pense

Véronique Eckert, La conseillère en santé sexuelle dans les centres de consultation Sexualité-Information-Prévention-Education (SIPE) en Valais abonde dans ce sens et va même plus loin: "Quand on est dans une période où on souhaite un bébé, il y a quand même un couple sur quatre qui, à un certain moment, fait appel à un spécialiste pour avoir un soutien et arriver à accueillir un enfant."

"Un tiers des causes sont féminines, un tiers sont masculines et un dernier tiers sont mixtes."Véronique Eckert, conseillère en santé sexuelle au SIPE

Et désormais, les recherches prouvent que cette infertilité n'est pas l'apanage des femmes, comme il était de coutume de croire il y a une époque. "On a toujours pensé que c'était un problème de femmes. Mais maintenant, on sait qu'au niveau médical, un tiers des causes sont féminines, un tiers sont masculines et un dernier tiers sont mixtes. C'est-à-dire qu'il y a une difficulté autant chez monsieur que chez madame", précise Véronique Eckert. Et tout ceci, sans parler des quelques situations où les médecins eux-mêmes ne peuvent se prononcer sur les raisons de cette incapacité d'avoir un enfant.

Pour briser ce tabou, la scénariste et réalisatrice originaire d'Espagne Laura Garcia Broto a voulu réaliser un film. Un documentaire intitulé "Ecorchées FIV" qui s'adresse à tout le monde et qui a pour but de rendre cette thématique plus visible en Suisse. Celle qui a élu le Valais comme terre d'adoption explique d'ailleurs que souvent, ce problème d'infertilité est lourd à porter. Il pèse sur la santé mentale et physique des couples. De même, les proches ou les amis imposent, souvent inconsciemment, une pression sur leurs épaules. Sans parler des dépenses conséquentes en temps et en argent.

Un parcours méconnu

"Un jour, j'ai trouvé un sujet sur un groupe de parole à Sierre qui voulait soutenir les personnes en situation d'infertilité. Ces Sierroises parlaient de leur parcours et j'ai fondu en larmes, même si je connaissais déjà le sujet", se souvient Laura Garcia Broto. "J'ai pris contact avec elles et elles m'ont présenté plus de monde. C'est là que j'ai pensé à faire un film."

"Personne ne voulait parler de ça devant une caméra."Laura Garcia Broto, réalisatrice de Ecorchées FIV

A ce moment-là, tout reste à faire. "Personne ne voulait parler de ça devant une caméra", raconte la réalisatrice. Au fil des mois, une amitié se crée entre elle et les femmes du groupe de parole. Mais Laura Garcia Broto souhaite plus que simplement briser un tabou. Elle veut se plonger dans le parcours méconnu de ces couples, et plus précisément des femmes qui ont souhaité en parler. "On a réalisé le film ensemble. Elles ont décidé quels sujets seraient traités, et comment les scènes seraient tournées. C'était très surprenant et facile pour moi, de savoir qu'on allait aussi faire ça avec leurs idées".

Une expérience enrichissante

La réalisatrice parle même d'une expérience humaine très enrichissante. "Je me sens privilégiée d'avoir pu découvrir des moment aussi intimes de leur vie."

Le documentaire sera diffusé en avant-première samedi et dimanche à 10h30, au cinéma Arlequin, à Sion. Il sera ensuite diffusé sur petit écran et poursuivra sa tournée dans les festivals à l'international.