Mathias Reynard: "Le huis clos généralisé? Une harmonisation nécessaire"
Depuis que le huis clos est devenu la règle dans tout le pays, les milieux du foot et du hockey réclament des aides étatiques. Président de la commission parlementaire concernée, Mathias Reynard veut sensibiliser le Conseil fédéral.

Après le huis clos ordonné mercredi par le Conseil fédéral dans tous les stades et patinoires de Suisse, le monde du sport est dans l’incertitude. Les clubs professionnels de foot et de hockey sur glace demandent une aide étatique pour combler la perte financière, sans quoi leur survie est en danger. Président de la commission parlementaire du conseil National en charge des sports, le Valaisan Mathias Reynard se dit conscient de ces besoins. Interview.
Mathias Reynard, quelle est votre réaction après que le huis clos a été ordonné pour une durée indéterminée dans les patinoires et les stades ?
C’est une bonne chose d’avoir une règle harmonisée dans tout le pays. Jusque-là, on avait des règles très différentes entre les cantons. Par exemple, le FC Sion ou le HC Viège ne pouvaient pas organiser de match avec public où d’autres clubs dans d’autres cantons pouvaient accueillir une affluence conséquente. Ça créait une inégalité financière, avec des formations qui avaient un grand intérêt à poursuivre le championnat alors que des équipes étaient contraintes au huis clos. Donc cette uniformisation est une bonne nouvelle. Mais, c’est sûr que c’est à nouveau, pour le sport comme pour la culture et tous les secteurs impactés, une situation incertaine et inquiétante pour la survie de ces entreprises.
Dans ce contexte, plusieurs clubs ont fait un appel à l’aide pour un soutien étatique…
Nous avons été les premiers à entendre ces appels. Il y a des mois déjà, nous avons organisé, dans la commission que je préside, des discussions entre l’office du sport et les milieux sportifs. Résultat : la commission a soumis au Conseil fédéral une motion qui demande la création d’une base légale pour octroyer des prêts remboursables pour les clubs. J’espère que cette loi soit validée par le gouvernement la semaine prochaine, pour une entrée en vigueur au 1e décembre prochain.
"Aujourd’hui, ce qu’il y a sur la table, ce sont ces prêts remboursables."
Pour plusieurs clubs, ces prêts remboursables ne sont qu’une manière de repousser le problème. Ils souhaiteraient des aides à fonds perdu…
Ces éléments seront rediscutés. Mais aujourd’hui, ce qu’il y a sur la table, ce sont ces prêts. Il faut faire en sorte qu’ils soient accessibles le plus rapidement possible. Ensuite, comme pour tous les autres secteurs touchés, nous essayerons, avec le parlement et le gouvernement, de trouver les meilleures solutions. Le but est aussi d’assurer une égalité de traitement, on ne peut pas sauver un domaine et en laisser couler un autre. Donc la solution à court terme qu’on propose, ce sont ces prêts. C’est déjà bien mieux que rien, et c’est un pas clair en direction du sauvetage de ces clubs.
"On ne peut pas continuer un championnat de cette façon-là, il serait peut-être plus sage de faire une pause."
Vous défendez aussi l’idée que les ligues de hockey et de football doivent prendre leurs responsabilités ?
Bien sûr ! Aujourd’hui, on entend une certaine cacophonie. Il y a d’énormes désaccords entre les clubs. Je suis personnellement de l’avis que défend Christian Constantin : on ne peut pas continuer un championnat de cette façon-là, il serait peut-être plus sage de faire une pause. Ça, c’est aux ligues de le décider et non à la politique. L’Etat peut apporter un cadre global comme il le fait avec ces prêts remboursables. Mais les ligues doivent prendre leurs responsabilités.
Ce manque de leadership est un reproche qui avait déjà été fait à la Swiss Football League au printemps passé. Ça n’a donc pas changé ?
Il semblerait que non. On constate aussi qu’à sa tête, ce sont plutôt des gens qui veulent poursuivre à tout prix. Ce ne sont pas les retours que j’ai des clubs suisse-romands. Alors est-ce une nouvelle fois lié à la gravité de la pandémie, plus intense en Suisse romande qu’Outre Sarine ? C’est possible. On espère, dans tous les cas, que les voix des cantons les plus touchés seront entendues par la ligue.
Les clubs de National League et de Swiss league de hockey sur glace parlait de «revers majeur» quelques heures seulement après les annonces du gouvernement, s’interrogeant sur la suite à donner à leur championnat. La National League a tranché jeudi matin : elle poursuivra en tout cas jusqu’au 1e décembre. Un nouvel examen de la situation à ce moment-là décidera de la suite. Les clubs de Swiss League, dont Sierre et Viège, se positionneront vendredi matin. La tendance penche fortement vers un scénario similaire à celui de l’élite.
La Swiss Football League, de son côté, souhaite être fixée rapidement sur la date à laquelle l’interdiction pourrait être à nouveau assouplie. En attendant, elle annonce qu’elle mettra tout en œuvre pour que le championnat se poursuive.
