Ouzbékistan: les prisonniers invités à lire pour être libérés
Des milliers de prisonniers en Ouzbékistan pourront bénéficier de réductions de peines s'ils lisent des livres sélectionnées par les autorités. Celles-ci veulent "former des valeurs spirituelles et morales correctes" chez les condamnés de l'ex-république soviétique.

Cette modification du Code pénal concerne plus de 13'500 prisonniers, mais ne s'applique pas à ceux condamnés à perpétuité, a annoncé jeudi le Sénat après l'adoption de la loi.
Les livres sont choisis "parmi une liste approuvée par le Centre républicain de spiritualité et d'éducation, visant à former des valeurs spirituelles et morales correctes chez les condamnés", indique le Sénat.
Selon lui, "pour chaque livre lu, la durée de la peine peut être réduite de trois jours, mais pas plus de trente jours par an" et une commission devra vérifier si le détenu a bien lu l'ouvrage. La liste des livres autorisés n'était pour l'heure pas publique.
S'ouvrant au monde depuis l'élection en 2016 de Chavkat Mirzioïev après un quart de siècle de relatif isolement, l'Ouzbékistan a réussi à attirer les investissements étrangers et à développer le tourisme. Mais l'opposition politique comme la société civile demeurent quasiment inexistantes, tandis que la presse et l'économie sont toujours majoritairement contrôlées par l'Etat.
Plus tôt cette année, l'Ouzbékistan avait assuré "s'efforcer de garantir les droits et libertés des condamnés et d'harmoniser la législation pénale avec les normes du droit international".
Mais dans son rapport 2025, l'ONG Human Rights Watch note que "la torture et les mauvais traitements demeurent un problème grave" et le Comité des droits humains des Nations unies avait déjà exhorté l'Ouzbékistan à "éradiquer" ces maux. Par ailleurs, selon Amnesty International, les autorités ouzbèkes ont "continué de durcir leur contrôle du droit à la liberté d'expression".