Le CICR a pu observer trois échanges de prisonniers côté ukrainien
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a pu observer depuis deux mois trois échanges de détenus entre la Russie et l'Ukraine, mais côté ukrainien. Il souhaite pouvoir renforcer son rôle sur cette question en cas d'accord de paix.

Si elle a facilité le rapatriement de dépouilles à des dizaines de reprises par le Bélarus, l'organisation n'avait jamais pu auparavant, depuis le début du conflit il y a plus de trois ans, ne serait-ce qu'observer un échange de détenus. C'est désormais chose faite.
"Il y a une petite avancée", "davantage symbolique", a affirmé lundi à quelques journalistes à Genève le chef de délégation sortant en Ukraine, Jürg Eglin. "J'étais présent au premier" de ces trois dispositifs, a-t-il ajouté.
Le CICR en veut davantage et souhaiterait pouvoir oeuvrer comme intermédiaire neutre. "Nous y travaillons", affirme M. Eglin. "En cas d'accord de paix", "nous voulons jouer ce rôle", "qu'il soit renforcé".
Chaque partie a un établi un bureau national qui notifie au CICR les prisonniers de guerre. Plus de 95% des détenus qui ont été récemment libérés après un échange entre les deux pays étaient sur les listes de l'organisation.
Difficile avec les drones
La situation s'est améliorée en termes de visites auprès des détenus ukrainiens en Russie, même si l'organisation reste prudente au moment de le dire. "Nous avons eu quelques succès limités", admet le chef de délégation sortant en Russie, Boris Michel. "Nous avons rendu visite à plus de 7000 prisonniers de guerre, mais la plupart en Ukraine", affirme-t-il, sans en dévoiler davantage. "Nous continuons chaque jour à demander un accès", dit-il.
Autre chantier, selon des indications de fin août, plus de 154'000 familles ont approché le CICR pour des personnes portées disparues. Plus de 500'000 contacts ont eu lieu avec elles. Et près de 15'000 parmi celles-ci ont reçu des indications sur la situation de leur proche.
Le CICR revendique d'être la seule organisation présente à la fois en Russie, en Ukraine et dans les territoires de l'est de ce pays contrôlés par l'armée russe. Il a notamment assisté près de 150'000 déplacés internes en Russie. Dans l'est, il oeuvre à Donetsk et Lougansk et, en raison d'un accès plus difficile, collabore avec des partenaires locaux comme le département humanitaire de l'Eglise orthodoxe russe à Zaporijjia ou Kherson.
Pour son personnel comme pour les civils et les combattants, les nouvelles technologies ont des effets importants. "La guerre par drones a changé les opérations pour nous", a ajouté M. Eglin. "Vous ne savez plus d'où viennent" ces engins, dit-il. Et les zones rouges "ne sont plus faciles à établir" en raison de la portée de ceux-ci, insiste-t-il. Il y a un an, le CICR avait perdu trois collègues dans une frappe guidée par des drones.