Didier Tholot : "Nous devons nous excuser pour cette prestation indigne d'un derby"
Les mines étaient logiquement basses dans les rangs valaisans au terme du derby du Rhône perdu mercredi soir à Tourbillon. Plus que le résultat, c'est la manière qui interpelle pour un FC Sion battu sans gloire une deuxième fois de suite devant son public.

"Tacle dans les genoux, battez-les pour nous!" La banderole déployée au bas du Gradin Nord avant le coup d'envoi du premier derby du Rhône de la saison était on ne peut plus claire. Privés de succès depuis quatre ans face au Servette FC, les supporters du FC Sion attendaient de leur équipe qu'elle se montre agressive, même au-delà de la limite, pour prendre enfin le dessus sur le rival éternel. Malheureusement pour eux, si les fans valaisans ont encore une fois été admirables de soutien, leur demande est restée sans réponse. À aucun moment, les Sédunois ont semblé prendre conscience de l'importance de ce duel pourtant particulier.
Une défaite plus que logique
Didier Tholot ne s'y est d'ailleurs pas trompé au moment de se présenter dans la salle de conférence de presse pour commenter la défaite 2-0 concédée par ses protégés. "Ce résultat est logique", a-t-il admis d'emblée avant d'adresser un message au 12ème homme valaisan, le seul à avoir vraiment joué son rôle mercredi soir. "Après un tel match, nous ne pouvons pas faire autre chose que baisser la tête. Mais surtout, nous devons nous excuser pour cette prestation indigne d'un derby."
Avant la rencontre, le technicien tricolore avait appelé son équipe à commencer très fort afin d'emmener les spectateurs avec elle. Autant dire que lui-aussi n'a pas été écouté. "À aucun moment, je n'ai eu l'impression de pouvoir gagner ce match", a-t-il poursuivi dans son analyse d'après-match. "Quand tu joues un derby, c'est le jus, le tempo et la détermination qui te donne l'opportunité de passer l'épaule. Tout cela nous a manqué ce soir (ndlr : mercredi). Nous étions en retard sur tout."
La réaction n'est jamais venue
Très lucide, Didier Tholot reconnaît aussi que le score de 0-0 à la pause relevait du miracle. Il a alors tenté d'insuffler un esprit de révolte à son groupe en procédant à un triple changement, en vain. "Quand tu es entraîneur et que tu vois que ça ne fonctionne pas, tu fais en sorte d'éviter de laisser filer le match. J'ai essayé de trouver des solutions, mais j'aurais aussi pu sortir d'autres joueurs à ce moment-là." Tantôt les bras croisés, tantôt les mains dans les poches, le coach valaisan a fait les cents pas devant son banc durant l'entier des 90 minutes. Il refuse toutefois de parler d'un éventuel sentiment d'impuissance l'ayant habité à mesure que le match avançait sans qu'une réelle réaction n'émane de ses joueurs.
Difficile d'expliquer comment une équipe qui a plutôt convaincu en affichant un visage conquérant dimanche à Winterthour a bien pu pareillement se métamorphoser pour le pire trois jours plus tard? "Chaque match à son histoire. Passer d'une très bonne prestation à une plus timorée peut arriver, mais présenter un tel match dans un derby, c'est vraiment dommage", regrettait Numa Lavanchy, une nouvelle fois envoyé devant la presse à l'issue de cette contre-performance. "Aujourd'hui, nous n'avons simplement pas été à la hauteur. Nous n'avons pas été bons avec le ballon. Techniquement, nous n'étions pas au niveau de la Super League."
L'analyse du latéral vaudois de Tourbillon ressemble à celle déjà livrée à l'issue du revers concédé contre Bâle le 30 août dernier. Comme contre les Rhénans, les Sédunois ont cruellement manqué de justesse dans leur jeu et n'ont jamais été en mesure de prétendre à une autre issue finale. Questionné par un journaliste quant au fait qu'il faille commencer à s'inquiéter ou non pour le FC Sion lorsqu'il évolue à la maison, Numa Lavanchy n'a pas caché une pointe d'agacement.
Interpellé sur le même point, Ali Kabacalman a, lui aussi, refusé d'évoquer un quelconque blocage à la maison. "Nous en avons mis quatre à Lugano", a justement rappelé le capitaine sédunois. "Nous sommes passés deux fois à travers, c'est vrai, mais ce n'est pas une question d'évoluer à domicile ou à l'extérieur. Comme contre Bâle, nous avons manqué d'agressivité et nous n'étions pas là avec ou sans ballon. Nous devons comprendre pourquoi, travailler dessus et si nous parvenons à corriger ça, je reste convaincu qu'on peut faire mal."
Pas de grand discours dans le vestiaire
Positif malgré les circonstances, le porteur du brassard affirmait n'avoir pas eu de mots particuliers dans le vestiaire à la fin de la rencontre. "Nous parlerons demain (ndlr : jeudi). Pour le moment, tout le monde partage la même frustration et est conscient que nous avons tous manqué notre affaire. Cela ne sert à rien de s'aboyer dessus." Les Sédunois devront rapidement se dire les choses avant de se tourner vers leur prochaine échéance : le déplacement sur le terrain de Pristhina Berne samedi en Coupe de Suisse. "Le foot nous donne la chance de rapidement tourner la page. Servette appartient désormais au passé. Nous devons tout mettre en œuvre pour passer ce tour de Coupe."