La préparation physique: passage obligé et de moins en moins redouté de l'été des skieurs
Un hiver est derrière, le prochain se profilera d’ici quelques mois mais l’été est loin d’être synonyme de vacances pour autant pour les skieurs. Avant de se rendre sur les glaciers, c’est en salle de force qu’ils ont lancé leur préparation. Une période qu'évoquent Luca Aerni et Daniel Yule.

La période estivale bat son plein. Les beaux jours sont de retour. Les températures grimpent. Les piscines se remplissent. Pour beaucoup, l’heure est bientôt aux vacances. Pour les meilleurs skieurs de la planète en revanche, il est temps de transpirer en salle de force. Avant de rechausser les lattes sur les glaciers – dans le Haut-Valais puis en Amérique du Sud - les acteurs du cirque blanc sont depuis plusieurs semaines maintenant en pleine période de préparation physique. Un passage obligé qu’ont appris à vivre les slalomeurs valaisans Luca Aerni et Daniel Yule.
«Ce n’est pas la période que l’on préfère mais elle fait pleinement partie de notre métier.» Daniel Yule
«À mon âge, je sais désormais à quoi m’attendre. Je sais ce qu’il faut faire pour être en forme lorsqu’arrive le début de la saison», relève le premier nommé. «Ce n’est pas la période que l’on préfère mais elle fait pleinement partie de notre métier», enchaîne son coéquipier. «Nous n’avons aucune peine à nous motiver. Le travail fourni actuellement doit porter ses fruits durant l’hiver et il est important pour prévenir les blessures. Ce sont forcément des moments moins sympas à vivre qu’une belle journée sur les skis mais c’est un passage obligé pour chacun de nous.»
Un très bon bilan de saison pour Daniel Yule
Un passage obligé qui est forcément plus facile à vivre lorsque l’on sort d’un hiver abouti tel que Daniel Yule, 4ème du général du slalom. «Tout est plus facile en étant dans une spirale positive…même si les poids de 20 kilos font toujours 20 kilos», rigole-t-il. «Plus sérieusement, je dresse un très bon bilan de ma saison écoulée. J’aurais signé direct pour fêter deux nouvelles victoires en Coupe du Monde (ndlr: à Madonna di Campiglio et Kitzbühel). J’ai fait un pas en avant par rapport à l’année précédente en me battant jusqu’au bout pour le globe de la spécialité. J’ai retrouvé le plaisir de skier et de me battre tout devant.»
«Si Luca retrouve sa forme physique et mentale, il peut aller très vite…plus vite que les autres même.» Matteo Joris, entraîneur des slalomeurs suisses
Un plaisir que tentera à son tour de retrouver Luca Aerni l’hiver prochain après un exercice 2022/2023 plutôt compliqué. Jamais dans le top 10, il ne s’est hissé qu’à une seule reprise dans le top 15 (11ème à Madonna di Campiglio) et n’était donc pas présent aux Mondiaux de Courchevel et Méribel. «J’ai eu de la peine à montrer mon meilleur ski tant à l’entraînement que lors des courses. Malgré ça, je me suis battu de la première à la dernière épreuve de la saison donc je pense tout de même pouvoir être fier de moi.» L’avis du skieur des Barzettes est partagé par l’entraîneur des slalomeurs suisses Matteo Joris qui lui maintient une grande confiance: «Je l’ai toujours dit concernant Luca: avec lui, il n’y a pas de demi-mesure. Soit il est tout devant, soit il est derrière. Les quelques problèmes physiques qu’il a rencontrés l’ont empêché d’avoir plus de régularité. Mais je reste persuadé que s’il retrouve sa forme physique et mentale, il peut aller très vite…plus vite que les autres même. N’oublions pas qu’il est le premier à être monté sur un podium dans cette équipe.»
Des objectifs prudents à l’heure actuelle
Soutenu par son coach, Luca Aerni a donc de quoi voir l’avenir avec sérénité. «En partant aux environs du dossard 28, mon objectif lors des premières courses sera de bien me placer, de grapiller peu à peu quelques rangs et si ça se passe bien, je pourrais alors m’attaquer aux premières places», se projette-t-il. Les premières places, Daniel Yule devrait quant à lui les briguer dès les premières épreuves de l’hiver même s’il tient à rester prudent à l’heure actuelle. «Je ne veux pas voir trop loin pour l’instant. La préparation sera encore longue et on ne sait pas ce qu’il peut se passer. Après, évidemment que mon objectif sera de passer un palier supplémentaire mais en slalom plus que dans n’importe quelle autre discipline, la densité est énorme. Quelques centièmes suffisent à te faire passer d’un potentiel podium à au-delà du top 15.»
«L’ajout d’un slalom à la mi-novembre est une très bonne nouvelle. cela nous permet de ne pas rester sur notre canapé à voir les autres disciplines à la TV.»Daniel Yule
À l’image des autres spécialistes des piquets serrés, Luca Aerni et Daniel Yule ont longtemps regretté de devoir attendre jusqu’à la mi-décembre avant d’enfin pouvoir lancer leur saison. Bonne nouvelle cette année: dans son nouveau calendrier dévoilé il y a peu, la Fédération Internationale de Ski (FIS) a décidé d’ajouter de nouvelles dates. Parmi elles, un premier slalom prévu le 18 novembre à Gurgl en Autriche. «C’est une très bonne nouvelle», se réjouit le skieur du Val Ferret. «J’adore la compétition, j’adore les courses donc en avoir une de plus, ce n’est que du bonus. Surtout à cette période, cela nous permet de ne pas rester sur notre canapé à voir les autres disciplines à la TV mais d’être aussi en lice de notre côté. Ce sera dans une nouvelle station, un lieu que personne ne connaît ou presque donc j’ai hâte d’y être.»
